Le mercure grimpe encore en France, des journées « difficiles » à venir
(AFP) – Le mercure va encore monter jeudi sur la France avec à la clé de probables records de chaleur en cette fin de semaine, un pic de pollution à l’ozone et de possibles conséquences sanitaires non négligeables.
Pour la première fois depuis le début de cette canicule exceptionnelle pour un mois de juin, la barre des 40°C a été franchie mercredi, avec 41,1°C à Montclus (Gard), 40,6°C à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône), 40°C à Apt (Vaucluse). Et 40,9°C à Clermont-Ferrand qui bat son record absolu de température.
Mais cet épisode, qui risque de se répéter en raison du réchauffement de la planète, va encore s’amplifier.
« Ce qui m’inquiète aujourd’hui c’est que le recours au soin commence à augmenter (…) On commence à avoir un impact de la chaleur », a déclaré Jérôme Salomon, directeur général de la Santé en appelant à la vigilance, et pas seulement pour les personnes sensibles et les enfants, mais pour tous. « On s’attend à un impact sanitaire significatif qui sera potentiellement décalé », a-t-il souligné, en rappelant que « le plus dur reste à venir avec un pic au-delà de 40 degrés ».
Ainsi, le mercure devrait encore grimper jeudi avec 38 à 41°C attendus au sud de la Loire. Et pour vendredi, des « températures exceptionnelles » sont annoncées en basse vallée du Rhône, de 42 et 44°C.
– Record battu vendredi ? –
« Vendredi, on peut battre localement le record national », a indiqué à l’AFP la prévisionniste Christelle Robert. La maximale française date du 12 août 2003 avec 44,1°C enregistrés à Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le Gard.
La situation devrait s’améliorer samedi dans le Sud-Est, mais pas en région parisienne qui vivra sa journée la plus chaude (entre 38 et 40°C). « Il faudra attendre au minimum jusqu’à mardi pour voir l’ensemble du pays retrouver des températures moins élevées, mais qui devraient rester au dessus des normales de saison », a mis en garde Météo-France.
La vigilance orange a été étendue avec désormais 78 départements concernés, un nombre record. Seuls sont épargnés les côtes de la Manche et de la mer du Nord, et quelques départements du Sud-Ouest.
« Les trois jours qui viennent vont être difficiles » pour les hôpitaux qui voient leur activité augmenter en raison de la canicule, a estimé mercredi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Difficile aussi pour les enfants. Lundi, le gouvernement avait annoncé le report de quelques jours des épreuves du brevet des collèges, prévues jeudi et vendredi. Des communes vont en outre fermer les écoles.
« Je souhaite qu’elles (écoles) soient le plus possible ouvertes mais dans les cas extrêmes, il faut fermer », a déclaré le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer sur Cnews.
Sur une partie du pays, de l’Ile-de-France au Grand-Est et à Rhône-Alpes, cette canicule s’accompagne d’une pollution à l’ozone, irritant pour les poumons.
Cet épisode classique des vagues de chaleur –l’ozone se formant par réactions chimiques, sous l’effet du soleil– a entraîné la mise en place de la circulation différenciée mercredi à Paris, Lyon et Annecy. Jeudi, ces restrictions seront reconduites à Paris et à Lyon, et commenceront à Marseille pour la première fois, et à Strasbourg.
En région parisienne, seuls les véhicules munis d’une vignette Crit’Air de classe 0, 1 et 2 sont autorisés à circuler à l’intérieur du périmètre délimité par l’A86, soit Paris et la petite couronne. Les autres véhicules, voitures à essence immatriculées avant fin 2005 et diesel immatriculées avant fin 2010 (vignettes Crit’Air 4, 5 mais aussi désormais 3), sont interdits. Une mesure qui concernerait 1/3 des véhicules parisiens et bien plus en Ile-de-France.
« Je suis sûre que c’est la bonne décision (…) Avec la canicule se rajoute cet enjeu de pollution qui pose une vraie difficulté en termes de santé publique », a déclaré la ministre des Transports Elisabeth Borne sur BFMTV.
– Boissons fraîches –
Si les jours seront chauds, les nuits ne permettront pas aux organismes de récupérer avec des températures qui ne descendront pas sous les 20 à 24°C par exemple dans la nuit de mercredi à jeudi.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des records de températures minimales pour un mois de juin ont déjà été enregistrées à Nice (26°C) ou Alistro (Haute-Corse, 25,6°C).
Partout, du monde agricole aux chantiers, on s’organise, y compris pour les spectateurs et équipes du Mondial de foot féminin: messages de prudence aux premiers, boissons spéciales pour les secondes.
La SNCF a annoncé un ralentissement de la circulation sur certaines lignes.
Télévision et radio diffusent des messages de prudence, relayés dans les transports et sur les panneaux d’affichage. La chaleur pousse aussi les habitants à chercher les coins d’ombre… et des boissons fraîches. Les professionnels de la distribution automatique ont d’ailleurs prévenu d’un risque de pénurie liée à l’interdiction de circulation des camions de livraison.
Cet épisode sans précédent par son intensité et sa précocité, et ce depuis 1947 et l’établissement de relevés détaillés, ravive le souvenir de l’épisode d’août 2003, qui avait généré une surmortalité de 15.000 personnes sur plus de 15 jours (plus de 70.000 en Europe).
(Crédits photo : KatarzynaBialasiewicz / istockphoto.com )