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Les Britanniques trinquent de plus en plus sans alcool

06
juin
2018

(AFP) – Stuart Elkington, 47 ans, ne boit plus d’alcool depuis sept ans. Au Royaume-Uni, il n’est pas une exception: davantage soucieux de leur santé et de leur ligne, de plus en plus de Britanniques optent pour la sobriété, un phénomène qui a poussé  l’industrie de l’alcool à s’adapter.

« Je me suis rendu compte que je dormais mieux, que je me sentais bien et que j’avais bien plus d’énergie », explique à l’AFP le quadragénaire, qui a renoncé à l’alcool alors qu’il tentait de fonder une famille avec sa compagne. 

En 2017, sur 7.100 personnes d’au moins 16 ans interrogées dans le cadre d’une étude de l’Office des statistiques britannique (ONS), seules 57% avaient consommé de l’alcool au cours de la semaine écoulée: c’est le niveau le plus bas observé en douze ans. En 2005, quand cette étude avait été menée pour la première fois, la proportion était de 64,2%.

Et les abstinents sont de plus en plus nombreux –20,4% de la population ne boit jamais d’alcool, contre 18,8% douze ans plus tôt–, en particulier parmi les 25-44 ans (20,6%, contre 15,5%). 

Pour Stuart Elkington, le bien-être retrouvé s’est accompagné cependant d’une frustration. « Boire une bière me manquait. Mais quand j’essayais d’en trouver une (sans alcool) qui ait le bon goût de la bière, je n’y arrivais pas vraiment ». 

Alors en 2016, il lance Dry Drinker, une société de vente en ligne de bières, vins, mousseux et spiritueux sans alcool ou faiblement alcoolisés. La gamme s’est rapidement étoffée et compte aujourd’hui plus de cent références, commercialisées au Royaume-Uni ou expédiées sur le continent européen. 

« Quand vous avez des enfants, une famille ou une vie très active, vous ne voulez pas perdre de temps avec des gueules de bois. Pour moi, il s’agissait de tirer le meilleur parti: savourer une bière fantastique, mais sans les aspects négatifs » de l’alcool, dit-il.

– Moins de calories –

En deux ans, les ventes sont montées en flèche, stimulées par l’arrivée sur le marché britannique de nouveaux produits de qualité offrant « le goût de l’alcool mais sans alcool », constate-t-il.

Une tendance amplifiée par le succès croissant de la campagne « Dry January » (« Janvier sobre »), lancée en 2013 par l’association Alcohol Concern, qui encourage à ne pas boire une goutte d’alcool pendant un mois après les excès des fêtes de fin d’année. Selon celle-ci, 5 millions de Britanniques y ont pris part en 2017.

Les ventes de vin sans alcool ont progressé de plus de 8% entre 2015 et 2017 en Grande-Bretagne, d’après le cabinet Kantar Worldpanel. Et celles de bière et de cidre contenant moins de 1,2% d’alcool ont bondi de plus de 28% en volume.

Le moteur de la demande? « Une prise de conscience croissante des consommateurs de leur santé et des risques liés à une forte consommation d’alcool », explique la société d’analyse économique BMI Research, qui constate cette tendance dans « les pays développés » en général.

Ces produits « contiennent également moins de calories que les boissons alcoolisées conventionnelles, donnant un élan supplémentaire à la demande », souligne BMI Research.

– « Bataille féroce » – 

L’industrie de l’alcool comme la grande distribution se sont engouffrées dans ce créneau porteur. 

« Dans un marché qui rétrécit, la bataille est inévitablement plus féroce pour maintenir ses parts de marché », observe John Timothy, qui dirige le lobby britannique de l’alcool, Portman Group. Les producteurs consacrent « des millions de livres » dans de nouvelles boissons désalcoolisées « de meilleure qualité », selon lui.

Plusieurs bières sans alcool ont récemment été lancées sur le marché britannique, dont une par le plus grand brasseur mondial, AB InBev. Le belgo-brésilien estime que les bières sans alcool ou allégées en alcool représenteront un cinquième de ses ventes de bière en volume d’ici à 2025. 

Le numéro un des supermarchés britanniques, Tesco, a récemment commercialisé une gamme de vins à moins de 0,5% d’alcool, dont l’arôme est « quasiment impossible à distinguer de leurs homologues alcoolisés », affirme-t-il, grâce à une technologie consistant à ne désalcooliser qu’une fraction du vin. 

Marks et Spencer s’est aussi lancé dans l’aventure. « La clé du processus est de prendre un vin de bonne qualité au départ. Il existe d’autres produits sur le marché (…) mais ils ont tendance à être très aqueux », explique la sommelière du groupe, Sue Daniels, à l’AFP. « Pour nous, ce n’est pas un marché de niche mais un marché en expansion », qui s’adresse à tous. 

Signe des temps, le « Great British Beer Festival », qui transformera en août un centre d’exposition londonien en plus grand pub du monde, proposera pour la première fois de son histoire des bières sans alcool. 

(Crédits photo : Ales-A / IStock.com )

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