Pour les jeunes actifs, l'heure des petits arrangements avec le confinement
« Lors du premier confinement, j’ai été très sérieux », explique Valentin, 28 ans, banlieusard, « et en mars-avril, quand tu sortais, les rues étaient vides, t’avais limite l’impression que l’armée allait débarquer derrière toi. Là c’est plus du tout la même chose. Et le virus fait moins peur ».
Pour le jeune homme, les coups de canif dans le reconfinement ont consisté en « une rave pour la soirée d’Halloween, sur des rails abandonnés en plein Paris, et un dîner chez des amis avec sept ou huit personnes ». Il a aussi fait plusieurs kilomètres pour aller chez son coiffeur.
Comme lui, 60% des Français ont, d’une façon ou d’une autre, enfreint les règles de ce deuxième confinement.
La première fois, explique Jérémie, 33 ans, qui vit en Seine-Saint-Denis, « il y avait une terreur globale face au Covid, on avait l’impression que le virus était partout dans l’air, dans tout ce qu’on touchait… Là ça fait plusieurs mois qu’on vit avec, et on a – pas comme au printemps – du gel hydroalcoolique et des masques en quantité nécessaire ».
Le week-end, il « (s)’autorise une soirée avec quatre, cinq personnes, plus ou moins les mêmes ».
Le 30 octobre, quand le reconfinement a été annoncé, « la question ne s’est pas posée: ça a tout de suite été +oui, on va se voir+. Parce qu’on ne veut pas repasser plusieurs semaines d’affilée seuls », ajoute-t-il.
Parmi les célibataires confinés, 57% envisagent d’enfreindre les règles pour trouver ou retrouver un partenaire sexuel. Et 32% l’ont déjà fait.
– Rencard au cimetière –
Laura, parisienne de 33 ans, n’avait ainsi pas du tout allumé Tinder, une application de rencontres, pendant le premier confinement, qu’elle a strictement respecté. « J’ai moins peur du virus, on a appris a vivre avec le risque… Du coup, je me suis reconnectée, mais a un rythme moindre qu’avant l’épidémie ». Et en essayant de faire attention au maximum.
Le dernier homme venu chez elle ? « Quand il est rentré, déjà, je lui ai dit d’aller se laver les mains. Et puis on avait discuté avant, on sait qu’on faisait attention, qu’on ne voit pas nos parents, de personnes à risque … c’est aussi pour ça qu’on se permet de le faire ».
Charles, a, lui, appris à adapter ses rendez-vous. Au lendemain du confinement, le jeune homme rencontre une fille, à l’occasion d’un « apéro clandestin ».
« Elle m’a beaucoup plu, mais je ne savais pas quoi lui proposer à cause des restrictions…. Le lundi on a quand même décidé de se voir et de se balader ensemble au Père Lachaise ». Plusieurs tours de cimetière et quelques jours plus tard, ils veulent se revoir.
« Pour discuter et apprendre à se connaitre », raconte-il. « On s’est donné rendez-vous au jardin du Palais-Royal, puis on a marché dans les rues. Au bout de deux heures, on est rentré dans une église pour pouvoir discuter plus calmement et pour avoir moins froid, c’est très bizarre à dire, mais c’était convivial, on chuchotait pour discuter, c’était assez marrant comme moment ».
Une bonne façon de commencer une histoire ? « Je n’avais jamais fait ça auparavant, d’habitude je l’aurais invitée à une expo ou à boire un verre, là c’est plus original. Finalement, ça rajoute du romantisme aux rendez-vous et si l’histoire marche, on s’en souviendra encore plus ».
– Responsables –
Si les personnes interrogées par l’AFP s’arrangent avec les règles, elles le font « dans la limite du responsable », pour reprendre l’expression de Maxime, 31 ans, confiné à Clermont Ferrand.
S’il est bien allé boire un verre chez une amie vendredi, « on a fait attention à pas être trop proches, on est restés plutôt dehors comme il faisait bon, et c’était chacun sa bouteille, chacun son assiette, pas de gâteaux apéritif pour éviter de se servir dans le même bol ».
Responsables, aussi, face aux personnes à risque. Jérémie ne verra pas ses parents avant Noël. Et Maxime, qui a vu ses parents après son apéro, a « gardé le masque en intérieur et mangé à une table séparée ».
« Il y a quand même des choses que je m’interdis de faire », précise le jeune homme. « Organiser une soirée chez moi, ça se serait vraiment se comporter de manière irresponsable. J’entends autour de moi que certains le font, mais ça c’est des comportements égoïstes et irresponsables qui me sortent pas les yeux ».
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