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Réutilisable et compostable, un emballage alimentaire « écolo » et « made in France »

25
jan
2019

(AFP) – Mis au point par une apicultrice et fabriqué par une PME française dans une usine de Picardie, un emballage écologique, réutilisable et compostable, fait d’une toile de coton enduite de cire d’abeille, sera primé au salon Sirha qui débute samedi.

En vente depuis septembre dans des magasins en vrac de la chaîne Day by Day et dans quelques épiceries bio en France, l’Apifilm est moulable, auto-adhérent, lavable et réutilisable pendant un an. Biodégradable, il peut finir sa vie au compost.

Cet emballage alimentaire a remporté la mention spéciale « green » des Prix de l’Innovation 2019 au salon Sirha de la restauration et de l’hôtellerie, qui accueillera quelque 200.000 visiteurs à Lyon du 26 au 30 janvier.

Ces feuilles de toile de coton enduite d’une couche de cire d’abeille, qui leur confère une belle couleur de miel et un toucher doux, constituent une option alternative aux films plastiques étirables et au papier aluminium qui finissent à la poubelle après une seule utilisation.

Ceux-ci vont grossir les 8 à 12 millions de tonnes de déchets plastiques produits chaque année, dont 80% polluent les océans et y seront plus présents que les poissons d’ici à 2050, selon l’ONU.

« L’idée originale du +Bee’s wrap+ est venue des écolos canadiens et américains, il y a dix ans. Comme la mise au point est relativement simple avec des matériaux naturels, beaucoup de gens se sont mis à en fabriquer eux-mêmes », relate à l’AFP l’apicultrice Delphine Seve.

Ingénieure agronome spécialisée en environnement, elle a tout d’abord travaillé comme conseillère agricole dans une coopérative pendant dix ans, puis s’est reconvertie dans l’informatique, avant de faire une pause pour élever ses filles.

– « Produit de niche » –
Voilà trois ans, elle décide de reprendre les ruches de son père, dans le village de Saint-Just-de-Claix, près de Grenoble.

« J’ai commencé à faire du miel, des pâtes à tartiner, du pain d’épices… puis je me suis dit +Tu as de la cire, tu vas faire ton emballage toi-même+: j’en ai fait pour moi, puis pour les copines ».

« Il fallait trouver la recette: plein de +tutoriels+ circulent sur internet, mais au début c’est le désastre, on met trop de cire, pas assez… », se souvient-elle. Outre la cire d’abeille, naturellement anti-bactérienne, la toile est enduite de résine de pin des Landes et d’huile de coco biologique, aux propriétés antifongiques.

L’Apifilm se nettoie à l’eau froide et savonneuse et craint la chaleur: il ne doit en aucun cas être mis dans le lave-vaisselle ou au four micro-ondes, ce qui ferait fondre la cire.

Pour développer sa production artisanale, Delphine Seve s’est mise en quête d’un partenaire, et a trouvé les Gruyer père et fils, à la tête des PME familiales Indutex et Gérex.

Gérex transforme les textiles, Indutex le papier: cette dernière produit notamment des feuilles antidérapantes qui permettent d’immobiliser les marchandises sur les palettes, pour l’industrie, et des sets de table pour la restauration… grâce au chef Joël Robuchon.

Séduit il y a dix ans, lors d’un voyage en TGV, par le toucher soyeux de son set de table, le chef -disparu en août 2018- a contacté la société pour en faire créer un exemplaire noir pour son restaurant l’Atelier. Aujourd’hui, l’entreprise produit 20 millions de sets de table par an.

L’aventure de l’Apifilm, un produit « made in France », fabriqué en Picardie, même si la toile en coton est importée d’Inde, passionne MM. Gruyer père et fils, l’un PDG, l’autre responsable des ventes.

« On ne remplacera pas la production mondiale de film étirable par l’Apifilm, cela restera un produit de niche », admet le premier, François Gruyer.

Plus robuste et bio, une nouvelle version de cet emballage pourrait durer « jusqu’à deux ans », estime Delphine Sève. L’Apifilm est aujourd’hui vendu entre 14 et 17 euros en trois formats, dans une pochette.

Si les Gruyer aimeraient produire intégralement en France, s’approvisionner en coton haut de gamme rendrait le prix de l’Apifilm -dont l’autre matière première, la cire d’abeille, est déjà chère- prohibitif.

(Crédits photo : Courtesy of L’atelier Miel de Delphine )


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