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Véhicule autonome : gare à l’impact environnemental !

05
mar
2019

(AFP) – Annonciateur, peut-être, d’un avenir plus vert, le véhicule autonome pourrait aussi se révéler un leurre environnemental, faute d’anticipation, mettent en garde des chercheurs.

Moteur électrique, utilisation partagée, conduite plus économe que celle de l’automobiliste moyen… ce mode de transport porte en lui tous ces changements, promesse de moindre pollution atmosphérique et climatique. Pourtant, l’équation n’est pas si simple.

– Usage partagé ? –
Selon le cabinet de conseil AT Kearney, qui a interrogé 150 cadres d’industries concernées, « la consommation énergétique devrait être réduite de 30%, grâce aux sources d’énergie alternatives mais aussi parce que les véhicules communiqueront, assurant la fluidité du trafic ». Et puis, « posséder la voiture perdra en pertinence, au profit des services de partage ».

« Dans les 10-15 prochaines années, l’essentiel de l’utilisation du véhicule autonome sera commerciale »: robots-taxis et navettes à la demande, décrit Xavier Mosquet, du cabinet BCG et co-auteur pour la France d’un rapport sur la voiture du futur. Dans un premier temps au moins, au vu de son coût, la voiture du particulier restera « marginale ».

A terme, « l’utilisation la plus vertueuse sera le partage », dit cet expert à l’AFP. En revanche il ne faudrait pas que ces nouvelles mobilités supplantent les autres transports en commun, prévient-il, relevant que c’est « une préoccupation ».

Alors, quel modèle de développement dominera?, s’est interrogé l’Institut du développement durable (Iddri): le modèle actuel, basé sur la voiture privée? celui, plus « vert », basé sur les transports publics et porté par les villes? ou des flottes de robots-taxis?

Le futur sera forcément « hybride », répondent ces chercheurs, qui appellent les pouvoirs publics à guider cet essor: « l’autonomie est loin d’être une baguette magique pour la mobilité durable », soulignent-ils.

– Tels 3.000 internautes –
Parmi les incidences du véhicule sans chauffeur, il y a l’empreinte, en consommation d’énergie et matières premières, de l’électronique embarquée.

La conduite automatisée consacre le règne du numérique: algorithmes, capteurs, radars, lasers analysent en temps réel route et alentours (classification des voies, trafic, parkings, météo, prix de l’essence etc). D’autres contenus permettent aussi aux passagers de se divertir.

Selon Intel, 1h30 de conduite autonome devrait générer 4 téraoctets de données, autant que 3.000 internautes en une journée. Un phénomène « nécessitant une énorme capacité de calcul pour organiser, traiter, comprendre, partager et stocker », résume-t-on chez le géant des semi-conducteurs.

Interrogé par l’AFP, Nissan, par exemple, ne répond pas précisément à la question du poids du numérique. « Nous oeuvrons pour réaliser notre vision d’un monde à zéro émission et zéro victime (de la route), et croyons que les technologies de conduite autonome joueront un rôle-clé », dit-on chez ce constructeur, qui vise aussi bien l’usage partagé que des modèles accessibles aux particuliers.

Quid du recours accru aux coltan, palladium, cuivre, tungstène et autres minerais, dont l’extraction induit souvent pollutions et impacts sociaux ?

Les études manquent sur le cycle de vie du véhicule autonome, mais, à titre de comparaison, 3/4 des impacts environnementaux d’un smartphone sont dus à sa fabrication, plus qu’à son usage.

– Etalement urbain –
Autre effet pervers, le risque d’étalement urbain. Les distances deviennent moins contraignantes quand on peut travailler dans sa voiture…

« C’est un gros risque, qui inquiète les collectivités », souligne Xavier Mosquet. « Aux Etats-Unis, dans le passé, les centres-villes se sont vidés. Ca a commencé à s’inverser justement à cause de la circulation. Le véhicule autonome pourrait de nouveau pousser à cela ».

Globalement, il pourrait accroître déplacements et km parcourus.

L’arrivée de nouveaux usagers, notamment âgés, relèverait de 2 à 10% la consommation énergétique des véhicules personnels, a-t-on calculé à l’université de Leeds. Quant aux « impacts énergétiques nets des services à la demande, ils restent incertains », écrit le chercheur Zia Wadud, relevant la nécessité de « mesures appropriées, si l’on veut cueillir les pleins bénéfices énergétiques de l’automatisation ».

Les pays « doivent orienter la technologie vers une mobilité durable, avec en tête les effets négatifs possibles », souligne Laura Brimont, experte à l’Iddri, qui n’a pour l’instant pas trouvé dans le monde de « cas de très bons élèves ».

(Crédits photo : IGphotography / IStock.com )


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