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A Montbrison, on recycle les films plastique à tour de bras et à toute vitesse

03
mai
2019

(AFP) – De gros ballots de déchets viennent de débarquer, les opérateurs se précipitent pour les trier. Pas de temps à perdre chez ExcelRise, une PME française qui surfe sur l’essor du recyclage des films plastiques.

Alors que la pollution des océans et son impact sur la biodiversité fait les gros titres avec un sommet international organisé à Paris, cette petite société basée à Montbrison dans la Loire développe une production intégrée, allant du tri du déchet au film recyclé.

« Le marché du recyclage plastique est en train d’exploser », confie à l’AFP Sébastien Wolff, co-fondateur et patron d’ExcelRise, qui escompte multiplier par dix sa production de films plastiques recyclés d’ici 2025, pour atteindre 40.000 tonnes annuelles.

La croissance du plastique recyclé a plusieurs causes, dont en premier lieu la décision de la Chine en 2017 d’arrêter les importations de plastiques usagés qui a laissé sur le marché européen d’importantes quantités de déchets.

Puis la demande de films plastiques fabriqués à partir de matière recyclée a été dopée par la décision de l’éco-organisme français de collecte Citeo d’accorder un bonus sur l’éco-contribution, la taxe que les entreprises doivent payer s’ils fabriquent des équipements potentiellement polluants.

Elle est réduite d’un maximum de 50% si l’entreprise emploie des plastiques contenant au moins 50% de recyclé, explique à l’AFP Emmanuel Guichard, directeur général d’Elipso, la fédération professionnelle du plastique souple. « Un appel d’air énorme », note-t-il.

– refabriquer du film plastique –

A Montbrison, la longue chaîne du recyclage débute par le tri. La matière première est livrée par les collecteurs de déchets sous forme d’énormes balles de 200 à 500 kg de film plastique compressé.

Une demi-douzaine d’opérateurs les ouvrent puis séparent manuellement les films, selon leur qualité. En général, il y a de 2% à 5% d’autres matières que du plastique.

Un opérateur peut trier jusqu’à 300 kg par heure, surtout s’il s’agit de balles homogènes, constituées de films assez propres de palettes industrielles.

Les films passent ensuite dans un broyeur qui en traite une tonne par heure. A la sortie, les flocons de plastique sont lavés, puis conditionnés en paquets.

Exemple typique d’économie circulaire: ils sont expédiés vers un autre site du groupe pour être fondus et transformés en granulés servant à refabriquer du film plastique.

Bientôt presque tout sera effectué à Montbrison, même la regranulation, moyennant l’achat d’une machine pour près d’un million d’euros.

Avant de racheter le site de Montbrison, le groupe comptait déjà deux filiales de fabrication de films plastiques (Ceisa Packaging et Semo Packaging).

« Dans dix ans, tous les films plastiques incorporeront de 30% à 50% de matière recyclée », estime M. Wolff. « C’est le sens de l’histoire ».

Mais la qualité est aussi un enjeu, d’où le choix d’ExcelRise d’une production totalement intégrée pour tout « contrôler de la source jusqu’à l’utilisation finale ».

« Le secteur du plastique recyclé va avoir à investir massivement en capacités » de production, souligne le directeur général d’ExcelRise. « Le marché français et européen est sous-équipé pour laver et broyer les films plastiques ».

– l’enjeu du film ménager –

Au final, le prix d’un film contenant du plastique recyclé est supérieur d’environ 5% à celui produit à partir de polyéthylène vierge, indique M. Wolff. Mais ce léger surcoût n’est pas un obstacle majeur, selon lui.

Le film plastique a essentiellement des applications dans l’emballage industriel et commercial (films de palettisation, pour les packs de boisson ou l’hygiène) et dans le secteur alimentaire ménager.

Si l’essentiel des films plastiques usagés vient aujourd’hui du secteur industriel et commercial, la collecte auprès des particuliers devrait se développer avec l’extension des consignes de tri, note Emmanuel Guichard. La moitié des Français seront concernés à la fin 2018, et 100% en 2022.

Le volume de déchets de films issus d’emballages ménagers allant au recyclage qui était d’environ 10.000 tonnes en 2018 devrait doubler d’ici la fin 2019, estime M. Guichard.

Mais le recyclage des films plastiques issus de la collecte ménagère s’avère « plus difficile » que le traitement des films d’origine industrielle ou commerciale, car il sont souvent plus souillés, souligne Mathieu Le Bigot, directeur général et co-fondateur de l’entreprise Machaon, qui s’est spécialisée sur ce créneau.

« Le bonus Citeo ne fait aucunement mention du plastique ménager », regrette M. Le Bigot, qui souhaiterait une incitation à utiliser les granulés issus du recyclage ménager pour refabriquer des films.

(Crédits photo : sbo/fka/az )

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