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Partie 2 - BROUILLAGE SUR LES LIGNES

Les automobilistes face à des règlementations diverses et complexes

6 minutes de lecture

Confrontés aux ZFE, les automobilistes ont face à eux une réalité mouvante, une sorte de caméléon réglementaire.

ZFE, L’USINE À GAZ

ZFE en France (Zone à Faibles Émissions), ZTL en Italie (Zona Traffico Limitato), LEZ (Low Emission Zone) et ULEZ (Ultra Low Emission Zone) en Angleterre, ou encore ZEZ (Zero Emission Zone), les acronymes se bousculent pour désigner une même réalité. Des zones urbaines dont l’accès est limité aux véhicules les moins polluants, selon des critères définis par les pouvoirs publics, avec comme objectifs l’amélioration de la qualité de l’air et de la santé publique. Quel que soit leur nom, elles se distinguent des ZCR (Zones à Circulation Restreinte) qui ne se fondent pas sur les émissions polluantes. La Suède a été pionnière en la matière à la fin des années 90, rejointe ensuite dans cette démarche par d’autres pays européens.

Confrontés aux ZFE, les automobilistes ont face à eux une réalité mouvante, une sorte de caméléon réglementaire qui s’adapterait sans cesse à son environnement. Le principe et l’application des ZFE sont très variables selon les pays. Qui plus est, au sein d’une même nation, la règlementation peut évoluer d’une ville à l’autre, d’un moment à l’autre.

Par rapport au périmètre de cette étude, seuls quatre pays n’ont pas organisé à ce jour de ZFE : la Chine (uniquement mise en place pour les poids lourds), les États-Unis (une zone de test existe à Santa-Monica en Californie), la Turquie et le Mexique (des projets sont en discussion).

ZFE, SUIVEZ LE GUIDE !

NORVÈGE : trois zones à Bergen, Kristiansand et Oslo. Prix du péage calculé en fonction du niveau de pollution causé par le véhicule.

PAYS-BAS : zones à faibles émissions appliquées aux seuls véhicules Diesel. Des caméras et des services de police veillent au respect des règles.

PORTUGAL : zone de Lisbonne divisée en deux, une norme minimale de Euro 2 et une norme minimale de Euro 3.

ROYAUME-UNI : 22 zones à faibles émissions au Royaume?Uni, avec des normes et des délais qui varient.

ALLEMAGNE : 82 zones environnementales en Allemagne, avec des règles et des délais différents.

ESPAGNE : obligation de coller le badge environnemental « Distintivo Ambiental » sur le pare?brise du véhicule espagnol ou étranger pour entrer dans les zones.

FRANCE : vignette Crit’Air divisée
en six catégories pour entrer dans une ZFE avec un véhicule français ou étranger.

ITALIE : plusieurs zones en Italie
avec des normes et des durées différentes d’une région et même d’une ville à l’autre.

BELGIQUE : centres?villes de Anvers et Bruxelles désignés comme zones environnementales.

JAPON : cinq préfectures qui ont introduit une politique de zone à faibles émissions, interdisant l’entrée des camions et des bus Diesel très polluants.

RÈGLEMENTS TECHNIQUES, UNE DÉMARCHE EUROPÉENNE QUI REND FLOU

Côté règlementations moteur, il convient de disposer d’un solide bagage technique pour en suivre toutes les subtilités. Si celles-ci ont logiquement évolué au gré des connaissances scientifiques, les constructeurs ont également pesé de tout leur poids pour en différer la mise en œuvre ou les orienter dans le sens de leur intérêt, comme l’illustre le vote du fameux amendement Ferrari* dans le cadre de la règlementation européenne. Voire jouer avec les règles quitte à les dépasser, à l’instar de Volkswagen.

Un simple regard sur l’exemple européen démontre la complexité à laquelle doivent faire face les automobilistes.

*Amendement voté à l’initiative du Parlement européen et qui octroie aux constructeurs des voitures de très grand luxe un délai supplémentaire pour passer au tout électrique et réduire leurs émissions de CO2

EUROS VISIO, QUI CONNAÎT LA CHANSON ?

Euro 1 : seuls les hydrocarbures, les oxydes d’azote et les particules pour les moteurs Diesel sont testés. Passage à l’essence
sans plomb.

Euro 2 : réduction du monoxyde de carbone et de la combinaison hydrocarbures non brûlés + oxyde d’azote. Pot catalytique obligatoire sur les moteurs Diesel.

Euro 3 : période d’échauffement retirée de la procédure d’essai. Divise les limites d’hydrocarbures et d’oxyde d’azote.
Limite le NOx pour la 1re fois pour les diesel.

Euro 5 : véhicules Diesel soumis à une nouvelle limite sur les nombres de particules. Émission de l’équivalent d’un grain de sable par kilomètre entraîné. Introduction de filtres à particules pour les véhicules Diesel neufs.

Euro 6 : recirculation des gaz d’échappement. Une partie est mélangée avec de l’air d’admission pour abaisser la température
de combustion.

Euro 6a / 6b : limites d’émission de gaz polluants NOx. Réduction catalytique sélective dans laquelle un agent réducteur liquide est injecté par un catalyseur dans l’échappement d’un véhicule Diesel.

Euro 7 : obligation des véhicules à rester conformes plus longtemps. Freins et pneus concernés pour limiter les émissions
de particules des véhicules thermiques et électriques.

POUR LES AUTOMOBILISTES, C’EST APPAREMMENT BIEN COMPRIS

Face à cette jungle réglementaire, on ne peut que saluer la clairvoyance des automobilistes. 6 personnes interrogées sur 10 jugent qu’elles sont une solution aux problèmes actuels. Turquie, Mexique et Chine sont une fois encore les plus nombreux à partager cette compréhension avec l’Espagne, le Portugal et l’Italie (autour de 80 %). Au contraire, les Japonais divergent nettement sur ce point de vue (72 % ne comprennent pas). Le Japon est d’ailleurs le seul pays avec la Norvège où les « non » l’emportent sur les « oui ». En France, il se dégage une faible majorité dans le clan des « oui ».

Dans une proportion quasi-identique, les automobilistes estiment aussi avoir compris ce qui était interdit et autorisé. Sur cette question, on retrouve sensiblement les mêmes oppositions géographiques que précédemment, avec cependant des Portugais un peu moins affirmatifs. Une fois encore, les Japonais sont les plus nombreux à faire part de leur grande perplexité (75 %).

Mais surtout, un peu plus de 7 personnes sur 10 comprennent les raisons de ces règlementations, avec encore les Mexicains et les Turcs pour s’affirmer comme les champions toutes catégories de l’intelligence réglementaire et les Japonais pour occuper avec pugnacité le fond du classement. À noter qu’ils sont cette fois les seuls à majoritairement affirmer ne rien comprendre (Fig. 7).

Les ruraux sont également moins convaincus que les citadins par la pertinence de ces solutions face à la résolution des problèmes environnementaux.

Alors, la compréhension globale de ces mesures complexes liées à la circulation et aux motorisations suffit-elle à les rendre pleinement acceptables ?
Pas vraiment, car pour les automobilistes, les motifs de préoccupation et d’inquiétude débordent du seul cadre réglementaire qui les entoure.

Fig. 7

Sous-Partie 6
Une information floue qui pénalise la décision
Plus que par l’absence totale de vision, le brouillard se concrétise davantage par la difficulté à discerner ce qui nous est montré. C’est clairement ce dont témoignent les personnes int
Sous-Partie 8
ZFE, un sentiment d’injustice qui domine
La réalité de cette compréhension est, en effet, plus polymorphe, et riche d’enseignements contrastés, lorsqu’on l’étudie dans ses détails. Au sujet des ZFE, si plus de 7 perso