Baisser les coûts, coûte que coûte
Les moyens personnels d’agir
Prise de mesures
Face à cette situation qui voit les problématiques économiques se teinter de plus en plus de gris, voire virer au noir, les automobilistes ne restent pas sans réaction. Ils estiment le coût à l’usage de leur véhicule trop élevé. 6 sur 10 mettent en place des mesures pour le limiter (Fig. 27). Cette réaction est particulièrement affirmée dans les 4 pays aux économies les plus fragiles, trois quarts des Africains du Sud, des Brésiliens et des Mexicains prenant des mesures, les Turcs étant encore plus nombreux. Il faut aller en France pour trouver aussi des automobilistes très majoritairement réactifs (7 sur 10). La place centrale occupée par le prix des carburants pendant la longue séquence électorale qui a précédé cette étude n’est sans doute pas étrangère à ce résultat. À l’inverse, Japonais, Britanniques, Autrichiens et Néerlandais montrent moins d’entrain.
Haro sur la consommation de carburant
Agir, oui, mais sur quoi ? Pas besoin d’être devin pour savoir quel poste est concerné en premier, la lecture des pages précédentes apportant une réponse évidente. Pour 65 % des personnes interrogées, il faut d’abord diminuer le budget carburant (Fig. 28). À l’exception des Japonais qui, nous l’avons vu, ne semblent pas trop souffrir d’une flambée à la pompe, l’ensemble des autres nations lui accordent de très loin la plus grande des attentions. Et, une fois n’est pas coutume, ce sont dans les pays européens que la volonté de limiter la dépense en carburant est la plus élevée. L’examen des autres postes fait apparaître des singularités locales. En France, c’est faire baisser la note liée aux péages, une spécialité nationale, qui arrive en deuxième position. En Belgique, au Brésil et aux Pays-Bas, moins dépenser en parking et en stationnement est la deuxième priorité. En Italie et au Japon, on s’occupera plutôt de faire baisser le coût de l’assurance.
D’abord moins rouler pour moins consommer
Pour faire baisser leur note de carburant, les automobilistes sont prêts à envisager plusieurs solutions, la première étant la plus évidente : moins rouler. 6 personnes sur 10 ont adopté cette mesure. Une mesure qui fait largement consensus, hormis au Japon et en Chine où respectivement 1 automobiliste sur 3 et 1 sur 5 est prêt à l’envisager. Avec les Africains du Sud, on retrouve les Français pour être les plus nombreux à réduire le kilométrage parcouru (69 % et 65 %).
Moins rouler donc, mais aussi comparer les prix des carburants et trouver la station-service la moins chère pour 46 % des personnes interrogées.
Ce qui revient, paradoxalement, à effectuer des kilomètres supplémentaires et donc à consommer plus. Cette option est peu envisagée par les Turcs et les Africains du Sud.
Dans des proportions quasiment identiques (44 %), les automobilistes adopteront une autre conduite. Ils opteront pour plus de souplesse et moins de vitesse. Les Norvégiens, très auto-électrifiés, ne comptent pas vraiment avoir le pied léger et la main souple (24 %).
Au sujet de ces trois items, la différence entre ruraux et urbains est significative. 61 % des premiers envisagent de limiter leurs déplacements contre 51 % des seconds. Concernant la quête d’un carburant moins cher et le choix d’une conduite optimisée, l’écart est moindre (respectivement 4 % et 6 %).
Le reste du classement fait apparaître l’intention de changer de mode de transport (36 %), particulièrement chez les urbains (39 % vs 27 % pour les ruraux), mais surtout il met en évidence la faible attention accordée à certaines solutions respectueuses de l’environnement.
Le choix d’un véhicule économe en carburant ne séduit qu’1 personne sur 5 et le covoiturage seulement 1 sur 10. Sur ce dernier point cependant, c’est 1 personne sur 5 en Turquie, en Afrique du Sud et au Mexique (Fig. 29).
Réparer soi-même, c’est toujours ça de gagné
Agir sur l’entretien et la maintenance offre également une perspective à des automobilistes cost-killers (Fig. 30). Et en la matière, les réseaux des marques automobiles se voient les premiers pénalisés. Parmi les automobilistes qui cherchent à réduire les coûts, près de 4 sur 10 ont choisi de confier l’entretien et les réparations de leur véhicule à des indépendants.
C’est chez les deux voisins ibériques que les réseaux de marque ont le plus de soucis à se faire.
Le Do It Yourself (DIY) a également la cote puisque 3 automobilistes sur 10 sont prêts à mettre eux-mêmes la main dans le moteur, avec des Chinois et des Américains qui s’affichent comme rois de la mécanique. Pour le quart des personnes interrogées, il existe une solution encore plus radicale : limiter l’entretien et la maintenance. Plus de 4 Turcs sur 10 sont tentés par l’expérience.
Moins de bénéfices attendus côté assurances
Au troisième étage de la fusée réduction des coûts, agir sur l’assurance présente des opportunités relativement moins séduisantes (Fig. 31). Soulignons d’emblée que 24 % des personnes qui cherchent à réduire les coûts n’ont pris aucune mesure à ce sujet, les Européens y étant les plus réfractaires. 6 % ont même décidé de rouler sans assurance.
La première solution retenue pour réduire son coût consiste à comparer les offres (32 %), démarche pratiquée de façon très inégale, 47 % des Turcs y souscrivant contre seulement 19 % des Néerlandais. Dans une logique purement économique, 17 % ont également choisi de limiter leur protection en optant pour un contrat au tiers.
Autre choix effectué, changer régulièrement d’assurance (19 %), avec des Chinois et des Britanniques champions en la matière. Ensuite, les automobilistes ont opté pour mettre à l’abri leur véhicule, la meilleure façon d’éviter les accidents (17 %). L’assurance sur-mesure, comme celle fixée en fonction du nombre de kilomètres parcourus, a séduit 12 % des personnes interrogées.
Des actions attendues des marques et des pouvoirs publics
Si les automobilistes donnent de leur personne pour limiter le coût à l’usage de leur véhicule, ils entendent aussi que les pouvoirs publics et les marques se montrent actifs à ce sujet.
Les pouvoirs publics doivent passer à l’action
Des pouvoirs publics, le principal levier d’action attendu est financier avec, encore et toujours, la limitation du coût du carburant comme principale décision (Fig. 32). 1 automobiliste sur 2 le réclame. Les ruraux sont les plus nombreux à le souhaiter, notamment en France où 67 % poussent pour cette mesure. La loi Pouvoir d’achat votée par l’Assemblée nationale française, le 4 août dernier, contient une mesure octroyant une remise sur le prix du carburant qui semble tenir compte de leurs attentes. En revanche, en Chine comme au Japon, la limitation du coût des carburants est mollement demandée (36 %).
Toujours au registre économique, près de 4 automobilistes sur 10 souhaitent que les pouvoirs publics baissent les taxes qui pèsent dans leur ensemble sur un véhicule. Les Polonais y sont les moins enclins, au contraire des Brésiliens.
Deux autres mesures sont plébiscitées quasiment à même hauteur : un peu plus d’1 personne sur 5 souhaite le développement des transports publics et des aides à l’achat de véhicules électriques, solutions qui ont la préférence des urbains. Au sujet du développement des transports en commun, Chinois et Américains font front opposé (36 % vs 15 %). Concernant les aides pour passer à l’électrique, les extrêmes se situent en Espagne et en Allemagne (31 % et 14 %).
Des marques attendues au tournant
Si les automobilistes attendent beaucoup des pouvoirs publics, ils considèrent également que les marques ne doivent pas rester les bras croisés, confortées par leurs bons résultats (nous y reviendrons). Et pour elles aussi, il convient d’agir sur le vecteur carburant (Fig. 33). 64 % des personnes interrogées jugent qu’elles doivent d’abord et avant tout concevoir des véhicules plus sobres. Un item qui recueille deux fois plus de suffrages que le suivant, preuve supplémentaire de l’extrême importance accordée par les automobilistes à cette question. Il n’est pas étonnant de constater que la Norvège et les États-Unis sont les moins portés à soutenir cette mesure (56 % et 53 %). La première est le pays du véhicule électrique, les seconds de l’essence pas chère.
Deuxième solution qui vise à atteindre par une voie différente le même objectif de moindre consommation, concevoir des véhicules moins lourds (32 %). Un choix qui a les faveurs de l’Allemagne, dont les constructeurs de grosses berlines ont fait la réputation.
La limitation des coûts de distribution et de l’équipement des véhicules recueille nettement moins d’intentions favorables, signe là encore que toute l’énergie des constructeurs doit vraiment s’orienter vers la réduction des consommations dont l’impact est quotidien.
L’essentiel