Le mix-mobilité : une tendance urbaine
L’émergence inégale des mobilités douces
Des différences géographiques marquées
La prépondérance relative accordée à la voiture pour un usage quotidien ou afin de partir en vacances ou s’octroyer des loisirs laisse apparaître un tropisme de plus en plus affirmé pour les mobilités douces. De fait, avec près d’1 personne sur 2 qui utilise un vélo, une trottinette ou un deux-roues motorisé, plus question de parler d’un simple intérêt poli, mais d’une véritable alternative de plus en plus séduisante. Certes, ceci concerne davantage les pays européens. Certes les disparités sont marquées, comme rarement jusqu’à présent dans cette étude. Aux Pays-Bas, avec 85 % des répondants qui ont fait entrer les mobilités douces dans leur vie, on peut parler d’attitude sociétale généralisée à l’échelle du pays (voir plus loin). Les Chinois, associés aussi naturellement au vélo, mais également les Polonais, plébiscitent les mobilités douces comme complément de la voiture. À l’opposé, les Américains, les Portugais et les Africains du Sud tardent à céder aux sirènes de ce mode de déplacement (1 sur 3). En France, la moitié des automobilistes disent s’y adonner (Fig 41).
Fig 41 – Équipements utilisés pour se déplacer hors voiture
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L’infographie présente, par pays, la part des répondants utilisant différents équipements pour se déplacer en dehors de leur voiture : vélo, deux-roues motorisé, trottinette ou aucun autre équipement.
Les données affichées sont les suivantes :
Europe (moyennes)
– Vélo : 48 %
– Deux-roues motorisé : 14 %
– Trottinette : 8 %
– Aucun autre équipement : 43 %
Moyenne 18 pays
– Vélo : 34 %
– Deux-roues motorisé : 21 %
– Trottinette : 4 %
– Aucun autre équipement : 53 %
Pays (vélo, deux-roues, trottinette, aucun) :
Allemagne : 56 % ; 16 % ; 9 % ; 34 %
Autriche : 57 %, 15 %, 9 %, 34 %
Belgique : 52 %, 7 %, 8 %, 40 %
Espagne : 38 %, 20 %, 10 %, 50 %
France : 40 %, 12 %, 11 %, 51 %
Italie : 52 %, 25 %, 7 %, 36 %
Norvège : 38 %, 11 %, 11 %, 49 %
Pays-Bas : 78 %, 12 %, 4 %, 15 %
Pologne : 69 %, 10 %, 11 %, 26 %
Autres pays :
Portugal : 20 %, 11 %, 4 %, 70 %
Royaume-Uni : 25 %, 9 %, 5 %, 66 %
Turquie : 29 %, 20 %, 8 %, 57 %
Afrique du Sud : 19 %, 9 %, 3 %, 73 %
Japon : 54 %, 14 %, 4 %, 40 %
Chine : 50 %, 39 %, 6 %, 29 %
États-Unis : 22 %, 11 %, 3 %, 70 %
Mexique : 33 %, 26 %, 3 %, 51 %
Brésil : 33 %, 33 %, 1 %, 44 %
Une tendance notable est la forte variabilité de l’usage du vélo selon les pays, avec un niveau particulièrement élevé aux Pays-Bas et en Pologne, tandis que l’absence d’équipement alternatif est majoritaire dans plusieurs pays hors Europe.
Source : Observatoire Cetelem de l’Automobile 2023.

Un attrait de plus en plus fort
Mieux encore, ces attitudes de mobilité respectueuses de l’environnement gagnent peu à peu du terrain. Les mobilités douces sont davantage pratiquées par près d’un tiers des automobilistes interrogés, chiffre supérieur à celui des personnes qui déclarent moins les utiliser. Pour tous les autres items, le nombre des automobilistes qui ont renoncé à certains moyens de transports est supérieur à celui de ceux qui les ont davantage utilisés (Fig 42).
Fig 42 – Évolution d’usage des moyens de transport
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L’infographie présente la part de répondants utilisant divers moyens de transport plus, autant ou moins souvent qu’avant, parmi les personnes disposant d’au moins une voiture. Deux séries de données sont affichées : moyenne Europe et moyenne des 18 pays.
Les catégories de transport et leurs valeurs sont les suivantes (moyenne Europe, moyenne 18 pays) :
Mobilités douces (à pied, vélo, trottinette)
– Plus souvent : 36 % (Europe), 32 % (18 pays)
– Autant : 46 %, 46 %
– Moins souvent : 19 %, 23 %
Transports en commun (métro, bus, tramway)
– Plus souvent : 24 %, 23 %
– Autant : 49 %, 46 %
– Moins souvent : 28 %, 31 %
Autopartage / location de voiture
– Plus souvent : 9 %, 12 %
– Autant : 50 %, 48 %
– Moins souvent : 41 %, 41 %
Covoiturage
– Plus souvent : 12 %, 12 %
– Autant : 50 %, 48 %
– Moins souvent : 38 %, 40 %
Train
– Plus souvent : 18 %, 16 %
– Autant : 51 %, 46 %
– Moins souvent : 31 %, 38 %
Car
– Plus souvent : 16 %, 15 %
– Autant : 50 %, 47 %
– Moins souvent : 34 %, 38 %
Avion
– Plus souvent : 9 %, 9 %
– Autant : 46 %, 45 %
– Moins souvent : 45 %, 47 %
En synthèse, pour la plupart des modes, une majorité déclare les utiliser « autant qu’avant », tandis que les transports longue distance (train, car, avion) sont plus souvent cités comme « moins utilisés ».
Source : Observatoire Cetelem de l’Automobile 2023.
Les transports en commun, le train et le car attirent cependant respectivement 23 %, 16 % et 15 % de nouveaux adeptes. De façon générale, on constate un certain statu quo avec environ la moitié des possesseurs de voiture n’ayant pas modifié leur pratique de mobilité.
Spécifiquement, en terme géographique, la Turquie semble la plus disposée à utiliser toutes les façons de se déplacer possibles pour trouver une alternative à une voiture jugée trop coûteuse. Mobilités douces, transports en commun, train, car, avion, autopartage, quel que soit le mode de transport, elle arrive en tête du classement des 18 pays. Elle se trouve seulement supplantée par la Chine, de 2 pts, en ce qui concerne le covoiturage.
Le phénomène vélos et trottinettes électriques
Parler des mobilités douces invite à se pencher plus attentivement sur le cas des vélos et autres trottinettes, à l’échelle de l’Europe. Quand on pense vélo, on pense immanquablement aux Pays-Bas, pays qui compte en moyenne 1,3 vélo par habitant et dont la ville d’Utrecht s’enorgueillit de posséder le plus grand parking qui lui est dédié au monde*. Mais quand on dit vélo, il convient surtout désormais d’y associer l’adjectif électrique. En 5 ans, à l’échelle de l’Europe, les ventes de Vélos à Assistance Electrique (VAE) ont presque été multipliées par 3 pour dépasser allègrement les 3 millions d’unités (Fig 43). De leur côté, les ventes de vélos classiques sont relativement stables à 22 millions en 2020, dans 28 pays européens. À titre de comparaison, les seules ventes de VAE en Chine s’élèvent à 16 millions d’unités en 2020. En France, elles représentent 24 % du total des ventes en 2021. En Allemagne, la part de marché des VAE est encore plus marquée et s’établit à 40 %. Un rapport sur la mobilité publié en 2019 a montré qu’ils se vendaient davantage en zone rurale et chez les séniors. Aux Pays-Bas, les cyclistes sont aussi de plus en plus nombreux à passer à l’électricité.
Au sujet de la trottinette électrique, le sourire est aussi de mise. En France, les ventes ont été multipliées par 9 entre 2017 et 2021. Le cap du million d’unités vendues chaque année sera très prochainement dépassé.
* Source : deustschland.de
Fig 43 – Évolution des ventes de vélos électriques entre 2006 et 2019
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L’infographie représente l’évolution des ventes de vélos électriques en Europe entre 2006 et 2019, exprimées en milliers d’unités, sur la base de 28 pays européens. Les années 2020 et 2021 sont indiquées comme estimations.
Les valeurs lisibles sont approximatives et correspondent à la hauteur de la courbe :
2006 : ~100
2007 : ~150
2008 : ~250
2009 : ~350
2010 : ~450
2011 : ~550
2012 : ~700
2013 : ~750
2014 : ~900
2015 : ~1100
2016 : ~1400
2017 : ~2000
2018 : ~2700
2019 : ~3300
2020* : ~4500
2021* : ~5000
La tendance générale montre une progression continue et marquée du volume de ventes sur l’ensemble de la période.
Source : C-Ways d’après CONEBI.
Note : *Estimations.
Le coût très variable des mobilités alternatives
La comparaison du coût des mobilités alternatives fait apparaître des variations sensibles selon les pays. À noter que la France présente des arguments positifs pour inciter ses citoyens à changer de mode de déplacement (Fig 44 et 45).
Fig 44 – Coût des différentes mobilités alternatives
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L’infographie présente quatre types de coûts liés aux mobilités alternatives : pass mensuel, billet de train, ticket à l’unité et vélos en libre-service.
Pass mensuel (en €) :
Allemagne : 75,21 €
France : 69,84 €
Royaume-Uni : 82,26 €
Espagne : 42,98 €
Chine : 22,50 €
Japon : 71,09 €
Brésil : 45,48 €
Pays-Bas : 96,70 €
États-Unis : 69 €
Ticket à l’unité (en €) :
Allemagne : 3,01 €
France : 1,75 €
Royaume-Uni : 3,15 €
Espagne : 1,50 €
Chine : 0,45 €
Japon : 1,72 €
Brésil : 0,98 €
Pays-Bas : 3,44 €
États-Unis : 2,50 €
Billet de train pour 100 km (en €) :
Allemagne : 22,41 €
France : 14,43 €
Royaume-Uni : 39,77 €
Espagne : 11,79 €
Chine : 8,58 €
Japon : 20,73 €
Pays-Bas : 23,47 €
États-Unis : 60 €
Vélos en libre-service (en € par usage) :
Allemagne : 10 €
France : 3,10 €
Royaume-Uni : 8,77 €
Japon : 4,93 €
Brésil : 5,83 €
États-Unis : 14,43 €
Les données montrent une forte variabilité entre les pays selon le type de service, avec des écarts particulièrement importants pour les pass mensuels et les billets de train longue distance.
Sources : Pass mensuels & tickets à l’unité : Numbeo ; billets de train : fleetlogging ; vélos en libre-service : sites nationaux.
Fig 45 – Comparaison prix ticket et abonnement
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L’infographie compare, pour plusieurs pays, le rapport entre le prix d’un ticket de transport à l’unité et le coût d’un abonnement mensuel.
Données affichées :
Allemagne : 30 %
Espagne : 21 %
France : 27 %
Chine : 38 %
Japon : 29 %
Pays-Bas : 24 %
États-Unis : 87 %
La principale information est que la proportion varie fortement selon les pays, avec un rapport relativement faible en Europe et un niveau très élevé aux États-Unis.
Source : Numbeo.
Mobilité (douce) ne rime pas avec ruralité
Les résultats précédents font apparaître en filigrane une opposition monde rural-monde urbain, au sujet des mobilités douces. Deux éléments plus précis apportés par cette étude viennent conforter cette analyse. Au quotidien, la différence est flagrante entre les ruraux pour lesquels la voiture s’impose à l’usage et les urbains qui peuvent plus facilement s’en passer. Pour 56 % des premiers, c’est une évidence, ce qui est le cas pour seulement 35 % des seconds (Fig 46). Cet usage quotidien en monde rural de la voiture est principalement le fait des pays occidentaux. Les taux les plus importants sont en effet enregistrés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France, quatre pays où le secteur automobile occupe une position économique essentielle.
Fig 46 – Modes privilégiés hors voiture pour travailler
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L’infographie présente, pour chaque pays, la part des répondants déclarant le moyen de transport qu’ils privilégient lorsqu’ils ne prennent pas leur voiture pour se rendre au travail.
Les moyennes sont :
Europe : 57 % ruraux, 38 % urbains
Moyenne 18 pays : 56 % ruraux, 35 % urbains
Données par pays (ruraux, urbains) :
Allemagne : 65 %, 41 %
Autriche : 58 %, 29 %
Belgique : 57 %, 38 %
Espagne : 48 %, 29 %
France : 64 %, 36 %
Italie : 53 %, 41 %
Norvège : 59 %, 37 %
Pays-Bas : 48 %, 44 %
Pologne : 51 %, 29 %
Portugal : 43 %, 45 %
Royaume-Uni : 67 %, 42 %
Turquie : 32 %, 24 %
Afrique du Sud : 28 %, 35 %
Japon : 55 %, 34 %
Chine : 55 %, 34 %
États-Unis : 74 %, 62 %
Mexique : 15 %, 22 %
Brésil : 36 %, 27 %
L’ensemble montre que, dans de nombreux pays, les ruraux déclarent plus souvent privilégier un autre mode que les urbains.
Source : Observatoire Cetelem de l’Automobile 2023.
L’essentiel
L’infographie présente des données 2023 de l’Observatoire Cetelem concernant l’usage quotidien de la voiture et les mobilités complémentaires.
Données affichées :
« 9 personnes sur 10 utilisent régulièrement leur voiture pour leurs loisirs ou faire leurs courses. »
« 1 automobiliste sur 2 opte pour les mobilités douces en complément. »
« 1 personne sur 3 utilise davantage les mobilités douces. »
« 56 % des ruraux prennent systématiquement la voiture pour aller travailler. »
Source : Observatoire Cetelem 2023.
Enseignement principal : la voiture reste dominante, surtout en zone rurale, tandis que l’usage des mobilités douces progresse comme complément.