Difficile de faire sans voiture
Historiquement, pré-historiquement surtout, l’homme a toujours été nomade. La mobilité lui était consubstantielle tant pour lui assurer ses moyens de survie que sa sécurité. Depuis le début du XXe siècle, cette mobilité s’incarne à travers la voiture. Au quotidien, en week-end, en vacances, la voiture est au centre des déplacements. Mais, sous l’influence directe de changements économiques, écologiques et sociétaux structurels, dont le réchauffement climatique est l’un des plus notables, les comportements évoluent et les pratiques aussi. L’emprise de l’automobile est moindre. Le développement des transports en commun et l’émergence des mobilités douces, notamment en ville, s’imposent peu à peu comme des compléments naturels d’une voiture qui voit s’estomper sa place centrale au sein de la société.
Au centre des déplacements…
Toujours très utile
Dans toutes les situations de la vie, la voiture reste sans discussion possible le moyen de déplacement privilégié. C’est plus particulièrement vrai quand il s’agit de faire ses courses ou de s’adonner à des pratiques sportives (Fig. 34). 9 personnes interrogées sur 10 disent dans ce cas l’utiliser souvent ou très souvent. Pour partir en week-end ou en vacances, elles seront encore 8 sur 10 à le faire.
Ce taux baisse légèrement au sujet des déplacements quotidiens dont ceux liés au travail. Trois quarts prennent alors leur voiture.
Soulignons que ce dernier résultat est en baisse de 5 points par rapport à l’an passé, sans doute sous l’impact de la crise sanitaire qui a conduit moins de personnes à se rendre sur son lieu de travail.
Avec des scores aussi élevés, les différences entre pays sont logiquement moindres. Les Autrichiens, les Français et les Britanniques utilisent relativement moins leur véhicule au quotidien (63 %, 64 % et 64 %), au contraire des Chinois, des Mexicains et des Africains du Sud (90 %).
Toujours plus « voiture des champs » que « voiture des villes »
La nature des routes fréquentées fait apparaître une plus nette différence géographique avec d’un côté les Européens qui utilisent davantage leur voiture dans un environnement à la fois urbain et rural, de l’autre les pays du reste du monde qui en ont un usage principal en ville. Globalement, 1 personne sur 2 déclare utiliser son véhicule à la fois dans un environnement urbain et rural. En matière d’usages mixtes, on trouve plutôt des « petits » pays par la taille, puisque 68 % des Néerlandais et 60 % des Belges utilisent leur véhicule à la fois en environnement rural et en ville (Fig. 35). Pour l’usage exclusif urbain, ce sont les nations aux grands territoires et aussi aux nombreuses mégalopoles qui se distinguent, avec notamment le Brésil et la Chine où l’usage urbain est prépondérant (88 % et 80 %).
Plus c’est grand, plus on roule
Cette mobilité automobile se chiffre en kilomètres, 13 600 en moyenne pour l’ensemble des pays étudiés, selon le constat fait par les personnes interrogées (Fig. 36). Et une fois encore, on note un lien de corrélation entre la taille du pays et le nombre de kilomètres parcourus. Le classement distingue à son plus haut un quatuor composé du Brésil, de la Turquie, de la Chine et du Mexique, respectivement 5e, 37e, 4e et 14e pays les plus étendus au monde. L’Italie réussit « l’exploit » de devancer en 5e position les États-Unis, 3e pays le plus grand par la taille. À noter que la France se situe dans les dernières places de ce classement avec 12 400 km parcourus en moyenne chaque année.
Des Français moins rouleurs
Nous venons de le voir, la France ne fait pas partie du club des gros rouleurs. Et l’évolution sur les 20 dernières années du nombre de kilomètres parcourus ne plaide pas pour une intégration prochaine. Sur cette période, les données collectées auprès de la SDES (Service des données et études statistiques) font apparaître une tendance baissière qui s’est nettement accentuée avec le Covid. Le nombre moyen de kilomètres parcourus pour 2020 passe sous la barre des 10 000 km alors qu’il s’élevait à près de 14 000 km au début des années 2000 (Fig. 37). Avec la crise sanitaire, c’est notamment le développement du télétravail qui explique cette diminution significative. Les prochaines années nous diront s’il s’agit d’une évolution passagère ou d’un changement sociétal majeur.
… la voiture challengée au quotidien
Des mobilités douces qui gagnent du terrain
L’usage fréquent de la voiture n’empêche cependant pas de se tourner vers d’autres formes de mobilités (Fig. 38). Ainsi, si 4 automobilistes sur 10 ne sauraient renoncer à prendre leur voiture, au quotidien, près de la moitié complète l’usage de la voiture avec les mobilités douces, les transports en commun ou le train. Dans quatre pays, la préférence pour la voiture est majoritaire, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et surtout aux États-Unis. Et c’est en Chine, en Turquie et au Japon que l’on rencontre le plus grand nombre de personnes qui optent pour les mobilités douces ou les transports en commun. L’autopartage et le covoiturage séduisent encore un pourcentage limité des automobilistes (11 %). Les pays économiquement moins développés semblent les plus intéressés par cet usage, sans doute en raison de déplacements plus fréquents effectués avec des mini-bus ou des voitures à usage familial qui s’y apparentent.
Ces résultats généraux cachent une nette césure entre monde rural et monde urbain. Pour ceux qui habitent le premier, l’usage quotidien est inconditionnel dans 56 % des cas, contre seulement 35 % pour les habitants des villes. En France, le ratio est presque du simple au double (64 % vs 36 %).
À l’inverse, plus de la majorité des urbains opteront pour les mobilités douces, les transports en commun ou le train, 35 % des ruraux faisant le même choix.
Mais nous reviendrons plus en détails sur ce clivage territorial.
Un usage équilibré pour les loisirs et les vacances
Les déplacements privés et ceux occasionnés par les loisirs ne font pas apparaître de changements significatifs (Fig. 39). On retrouve à peu de choses près les mêmes résultats avec 42 % qui utilisent systématiquement leur véhicule, et 44 % qui optent pour les mobilités douces, les transports en commun ou le train. Pays par pays, les équilibres sont sensiblement identiques.
Partir en week-end ou en vacances induira-t-il des changements d’échelle ? Pas véritablement. Là encore, 4 personnes sur 10 n’utilisent à cet effet que leur voiture. Grandes distances obligent, le train et le car s’imposent comme des concurrents sérieux pour se déplacer (Fig. 40).