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Partie 2 - L'économie circulaire prend racine

Un concept en voie de reconnaissance

5 minutes de lecture
Depuis sa première occurrence en 1990, le concept d’économie circulaire a fait son chemin. Deux mots simples qui, une fois rassemblés, gardent cependant une part de mystère aux yeux des Européens. Pour autant, ils jugent positivement l’économie circulaire qui ne leur apparaît pas seulement comme une idée à la mode. Bien au contraire, elle se traduit pour eux par des pratiques auxquelles ils s’adonnent durablement et avec de plus en plus de constance.

Deux mots qui commencent à parler aux Européens

mappemonde et porte voixÉconomie circulaire. Deux mots simples pris séparément qui, une fois réunis, gardent une part de mystère voire d’inconnu. Pas étonnant que le concept qu’ils forment engendre des définitions diverses. Cependant, des politiques aux médias, en passant par les ONG, nombreux sont celles et ceux qui depuis plusieurs années s’en sont emparés pour le placer sur le devant de la scène. 

Alors, l’économie circulaire parle-t-elle aux Européens ? Près de 7 sur 10 répondent par l’affirmatif. Chiffre encore plus encourageant pour ces thuriféraires, plus d’un tiers d’entre eux voient précisément ce dont il s’agit (Fig. 1). Cette clairvoyance se teinte cependant de nuances, notamment d’ordre géographique. 

Aux origines de l’économie circulaire

Dans la continuité des grands mouvements sociaux qui ont agité le monde, les années 70 voient de nombreux intellectuels s’interroger sur notre façon de vivre et sur le futur de la planète. L’écologie politique voit le jour et de nouveaux concepts émergent. Michael Braungart, chimiste allemand, et William McDonoug donnent ainsi naissance à celui de Cradle to Cradle (du berceau au berceau), soit l’utilisation d’un produit à 100 % pour sa (re)production à l’identique, sans intervention polluante. Et en 1990, les termes d’économie circulaire apparaissent dans le livre des économistes anglais David W. Pearce et R. Kerry Turner, Economics of Natural Resources and the Environment. Par la suite, ce concept, qui marque une rupture avec celui d’économie linéaire, s’impose peu à peu comme un nouveau paradigme, au point de figurer en tant que tel comme objectif de politiques gouvernementales. S’il en existe plusieurs définitions, il est souvent symbolisé et résumé par les 3R : Recycler, Réduire, Réutiliser. Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons la définition suivante* : « l’économie circulaire est un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement, tout en développant le bien-être des individus ».

* Définition de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME, France).

Fig. 1

C’est à l’ouest et au sud de l’Europe que l’on rencontre les consommateurs les plus avisés. 36 % des Italiens sont ainsi capables de mettre une définition précise derrière ces deux mots. Rien de surprenant dans un pays où le localisme et, de façon plus générale, les pratiques environnementales vertueuses ont le droit de cité, comme nous l’avons souvent souligné dans des Observatoires Cetelem des années passées. À l’est, la vision est plus floue, les mots moins parlants. Seulement 9 % des Slovaques se font une idée précise de l’économie circulaire.

La connaissance précise des termes d’économie circulaire met aussi en évidence une fracture générationnelle sur laquelle nous aurons maintes fois l’occasion de revenir dans cette étude. Les moins de 50 ans sont notablement plus au fait de ce qu’ils signifient, contrairement à leurs aînés. 

Une image positive

Si les mots ne parlent pas à tout le monde, l’image est quant à elle favorablement très positive (Fig. 2). Une fois le concept précisé, plus de 8 Européens sur 10 en ont une bonne image. Les Italiens se distinguent encore, dépassés par des Portugais encore plus enthousiastes (93 % et 94 %). Il faut à nouveau voyager à l’est pour rencontrer des Tchèques moins conquis, le score d’image positive restant cependant très élevé (73 %). 

Fig. 2

Dans l’air du temps, mais pas un effet de mode

Cette image positive de l’économie circulaire se traduit par des opinions qui la voient être associée à des valeurs qui le sont tout autant (Fig. 3).
85 % des Européens jugent tout d’abord qu’elle est bénéfique à l’environnement et aux ressources naturelles, soit l’un des objectifs majeurs qui lui est fixé. On retrouve à nouveau le duo lusitano-italien pour l’exprimer le plus fortement (92 %). Deuxième qualité prêtée à l’économie circulaire, sa capacité d’innovation qui est soulignée par 82 % des Européens, avec des Italiens et des Portugais toujours un peu plus enthousiastes, même si on ne constate pas de différences significatives entre les pays. Pour compléter le podium, la création d’emplois vient en troisième position avec 75 % des opinions, les Européens exprimant peu ou prou des points de vue identiques.

Fig. 3

Confirmation de sa dimension pérenne, l’économie circulaire est jugée comme un effet de mode par seulement 35 % des Européens. À ce sujet, une nation se distingue cette fois-ci clairement, avec une opinion qui tranche par rapport à celle des autres pays. 52 % des Français voient dans l’économie circulaire une simple idée passagère.

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Sous-Partie 6
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