Un pouvoir d’achat menacé par l’inflation
Un pouvoir d’achat globalement plus favorable
Ce Baromètre Observatoire Cetelem 2022 met en évidence une évolution plus sensible des opinions quant au point de vue des Européens au sujet de leur pouvoir d’achat qu’ils voient traditionnellement régresser au fil des différents baromètres (Fig. 10 Baromètre / Contexte). Le sentiment d’une augmentation est en hausse de 4 pts alors que celui d’une régression chute de 3 pts. La proportion d’Européens qui estime que rien n’a changé est quasiment stable (-1 pt).
Dans tous les pays, l’impression d’une augmentation du pouvoir d’achat est sensible, avec l’Espagne et la Suède pour en être les plus convaincues. Seule l’Autriche constate une stabilité. Au risque de nous répéter, ces chiffres restent dans l’ensemble en retrait de ceux enregistrés avant crise, lors de l’édition 2019.
Les disparités nationales sont beaucoup plus marquées en matière de baisse du pouvoir d’achat avec le clivage géographique qui s’exprime à nouveau. Alors que 46 % des Roumains et des Hongrois accusent cette baisse de pouvoir d’achat, le ressenti des Suédois (22 %) et des Danois (25 %) est nettement moins marqué. Les Français, quant à eux, maintiennent une perception négative avec 40 %.
Le spectre de l’inflation hante à nouveau les Européens
Relié à la question du pouvoir d’achat, l’un des faits majeurs de ce Baromètre 2022 est sans conteste la fulgurante croissance du sentiment d’augmentation des prix. Désormais, 1 Européen sur 2 est convaincu que les prix ont nettement augmenté (+25 pts) (Fig. 11 Baromètre).
Et à peine plus d’1 sur 10 pensent qu’ils sont restés stables ou ont baissé. Rappelons que les enquêtes ont été menées du 5 au 19 novembre 2021. Durant tout l’été et encore à la rentrée de septembre, la hausse des prix, notamment ceux des matières premières avec leurs conséquences sur les prix du carburant ou du chauffage, a fait la une de l’actualité. Et les données statistiques ont traduit plus qu’un frémissement en termes d’inflation. Le sujet n’en prenait que plus d’importance alors que nous rentrions dans la période hivernale et que la situation sanitaire inquiétait à nouveau fortement.
Au vu du score moyen, il va de soi que l’impression d’une augmentation des prix est partagée dans de nombreux pays, ceux de l’Est européen étant une fois encore regroupés dans un pessimisme affirmé (Fig. 12 Baromètre). Ainsi, 8 Bulgares sur 10 constatent une forte augmentation (dans les autres pays de cette zone géographique, ils sont 7 sur 10), alors qu’à l’inverse, moins de 3 Suédois et Danois sur 10 le pense. À noter qu’avec « seulement » 34 % des consommateurs à constater une nette augmentation des prix, les Français ne font pas partie des plus pessimistes. Soulignons qu’au moment de l’enquête de novembre, l’inflation en France était inférieure à celle constatée dans de nombreux pays européens (Fig. 13 Baromètre / Contexte). Une raison pour expliquer cette satisfaction inhabituelle.
Mais si l’on compare avec l’édition du Baromètre 2019 d’avant crise sanitaire, la perception géographique s’inverse (Fig. 14 Baromètre). Le sentiment de hausse des prix est alors plus prégnant à l’ouest de l’Europe, avec des différences très sensibles (+16 pts en Italie, +14 pts en Allemagne et au Portugal).
La concomitance avec l’impression d’une stabilité du pouvoir d’achat soulignée par les Européens met en évidence une perception et une rationalité économiques plus fines qu’il n’est souvent accordé aux consommateurs entre ce qui a été et ce qui sera. Prenons le pari, sauf inversion brutale de la courbe des prix l’année prochaine, ce qui semble improbable, que les Européens seront beaucoup plus nombreux à estimer que leur pouvoir d’achat aura alors baissé.